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AuteurMessage
OboloshcaOboloshcaAdminMessages : 34
Date d'inscription : 05/10/2011
#2 Vide
MessageSujet: #2   #2 Icon_minitimeMer 28 Déc - 23:53

2.

    Ulric regarda un instant la vitrine où était inscrit en gros et rouge "Charpenterie". Aujourd'hui, nous n'avions plus besoin de quique ce soit pour la réparation d'un objet, la magie faisant amplement l'affaire. Mais elle ne pouvait pas réellement le raccomoder. Lorsque que quelque chose est défaillant, il faut parfois aller plus loin que la surface. Il faut toucher en profondeur, atteindre le coeur de l'objet où se trouve généralement le noeud du problème. Ulric distingua à travers la vitre poussièreuse les boucles brunes parsemées de poivre de l'homme qui s'attelait à cette besogne. Il l'avait vu maintes fois réparer tabourets, fauteuils ou canapés. Il l'avait vu caresser le bois d'une main légère, l'effleurer, en rythme avec le coeur de son patient. Ses caresses se faisaient plus pressantes au fur et à mesure et ses doigts s'illuminaient d'une aura mordorée. Le bois se modelait doucement et ses veines changeaient de chemin mais partaient toujours du même point de départ -le haut- et s'arrêtaient toujours à la même arrivée -le bas. A chaque fois qu'un charpentier s'occupait d'un objet malade, les veines changeaient de forme et perdaient un petit peu de leur éclat. Ce qui était normal, d'ailleurs, on ne ressort jamais plein de vitalité d'une opération.
    Ulric regarda encore un petit instant les gestes répétitifs et non dénuées d'une certaine sensualité du charpentier. Il entra sans frapper et dit à la volée.
    - J'ai toujours l'impression que tu fais l'amour avec tes chaises.
    L'artisan releva la tête et le regarda surpris. Il s'apprêtait à s'offusquer de cette intrusion et de cette grossierté mais son visage halé s'illumina en reconnaissant cette silhouette maladivement maigre, cette barbe hirsute qui partait en pointe et ces petites lunettes rondes.
    - Ulric ?! rugit le charpentier avec un grand sourire.
    Ledit Ulric regarda avec mépris la chaise dans les mains de son ami.
    - C'est donc avec... ça, que tu me trompes ?
    Il rit.
    - Arrête voyons ! Je fais avec ce que je peux, les affaires vont mal...
    La chaise s'agita, outrée. On l'avait peut-être vendu pas bien chère, ce n'était quand même pas une raison.
    Ulric regarda autour de lui et remarqua qu'en effet, ça n'avait pas l'air de marcher bien fort. Dans la pièce sombre et recouverte d'une fine pellicule de poussière, comme soupoudrée de sucre, seuls une table de chevet et un imposant fauteuil attendaient. Il poussa un grognement pessimiste.
    - Les gens pensent certainement qu'avec leur magie, ils peuvent les réparer avec sureté..., dit-il en un souffle.
    - Ca donne parfois des rendus assez catastrophiques, répondit l'homme derrière le comptoir.
    - Ils sont idiots. Et prétentieux.
    Le charpentier sourit et laissa courir le temps, le laissant prendre de l'avance avant de répondre. Tête baissée.
    - Non. Ils ne savent pas c'est tout. Je te trouve trop dur avec les gens.
    Ulric balaya le reproche du revers de la main et haussa les épaules.
    - C'est juste l'âge Gustave, t'en fais pas.
    Ce dernier rit et lui désigna la chaise qu'il avait entre les mains. Elle était toute bosselée et recroquevillée sur elle-même.
    - Elle a 20 ans. Ses propriétaires l'ont négligé et quand elle fatiguait, ou commençait à montrer des signes de défaillance, ils lui lançaient des sorts distraitement. Pour cacher la triste mine de son bois quand ils avaient des invités.
    - C'est triste...
    - C'est juste l'âge Ulric, t'en fais pas, ironisa Gustave.
    La main dans le menton, l'épouvantail dit.
    - ...J'ai presqu'eut pitié. D'une chaise.
    Silence.
    - Gustave, j'ai faillit entretenir un sentiment de pitié envers une chaise, appuya t-il.
    L'artisan sourit face à cette mine déconfite. Ils restèrent un moment muets, regardant tous les deux avec une sorte de tendresse la chaise piteuse.
    - Tu sais ce qui est le pire Ulric ?
    - C'est que ça arrive également aux gens ?
    - Exactement. Surtout aux vieils hommes maigres à lunette, barbus et chauves.
    Ils se disputèrent du regard, Ulric cachait difficilement son sourire amusé. Il s'apprêta à riposter mais une mouche de réflexion entra dans son oreille gauche. Il ne souriait plus. Son regard, soudainement appronfondit et sérieux, se perdit dans les veines de la chaise.
    - Oui, c'est triste...
    Gustave se tut, respectueux, et la mouche ressortit de l'oreille droite.


    Le silence fut leur compagnon quelques instant puis il remit son chapeau et reprit sa route.
    L'épouvantail s'ébroua et se déracina.
    - Bien ! J'ai des chaises un petit peu récalcitrantes...
    - Ah ! Elles ne font plus leur boulot ? Elle traînent ?
    - Au contraire ! Elles le font trop bien.
    Gustave eut un moment d'hésitation puis il soupira. Il y avait de nombreux sujets sur lesquels ils n'étaient pas d'accord, et celui qui va venir en fait partie.
    - Ecoute Ulric... tu ne peux pas leur empêcher de faire ce qu'elles font... c'est... c'est leur raison de vivre. En plus d'être dur avec les hommes, tu l'es aussi avec les meubles maintenant ?
    Il semblait bien las et excédé.
    - On parle d'une chaise !
    Gustave fit les gros yeux et pointa un doigt accusateur.
    - Tu as bien eut pitié d'une !
    - Ooooooh ! Tu m'embêtes là Gustave !
    - Ca c'est de l'argumentation.
    - Ranges tes sacarsmes, je suis venu te voir parce qu'elles se sont abîmées en se percutant, hier, en voulant m'accueillir.
    Gustave ouvrit deux grands yeux supris et un mince filet délicieux de sourire perla de ses lèvres.
    - Elles ont osé désobéir au grand Ulric... ?
    - Tais-toi et répares-les.
    Il regarda les impacts sur les chaises.
    - Tu me les laisses et tu repasses demain ?
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